lundi 28 septembre 2009

Buste de Kim Novak dans Vertigo d'Alfred Hitchcock.Elle porte ici le collier de l'ancêtre suicidée.


Je tiens à vous dire qu'après notre dernière conversation je connus des sueurs froides. Je suis comme cette femme qui regardait sans cesse ce même tableau, où une de ses ancêtres, une suicidée, l'obsédait. A tel point qu'elle s'identifia à son aïeule, elle se mit à vivre selon ses mêmes moeurs, elle prit la tâche très à cœur puisqu'elle se jeta dans un fleuve pour s'y noyer, mais un ami l'ayant sauvé de la noyade, elle préféra se jeter du haut d'un clocher, où personne ne vint la rattraper. J'appris plus tard que sa folie n'était qu'une conspiration afin de masquer le meurtre d'une pauvre femme. Elle n'était qu'une actrice qu'on paya pour se déguiser en la personne de la morte. Le corps qui fut jeté du clocher était un cadavre, la femme avait été assassinée auparavant, elle était la victime de la lâcheté d'un mari, et non une suicidée. L'actrice se cacha dans le clocher et ne s'enfuit que la nuit tombée, lorsque les religieuses quittèrent l'église. Un stratagème bien sordide, mais réel. Mais ce qui importe c'est le dénouement : elle fut rattrapée par l'amour et ce-dernier par la mort. Elle tomba amoureuse de l'honnête homme qui fut choisi par le mari, pour être témoin du faux suicide. Il souffrait d'une phobie du vide, vertu et faiblesse desquelles elle abusa pour mener à bien la cabale. En effet, le pauvre homme ne put monter jusqu'au clocher, il crut ne pas avoir sauver son amour du suicide, et se sentit coupable à en trouver la vie mélancolique et insipide. Plus tard il reconnut l'actrice, et comprit alors la machination diabolique, parfaitement orchestré grace à sa crédulité. Aussi, après des circonstances dont je ferai l'impasse, elle tomba par inadvertance du même clocher, qui avait été scène du crime. Quelle belle leçon de Vie ! N'êtes-vous pas d'accord ? Le monde n'est-il pas un tribunal pour l'Homme? L'ignominie ne triomphe jamais, quant bien même on se repente de toute son âme. Je regrette seulement que la justice divine ne permit pas à cette femme de vivre pour réparer l'erreur à travers l'amour, le châtiment ne laissa pas de temps pour la pénitence : le crime fut trop barbare pour pardonner. Mais Dieu ne peut-il pas tout absoudre ?
Au revoir, je suis blessée et toujours un peu plus meurtrie par votre amour, êtes-vous un acteur vous aussi ? Si c'est oui, alors cessez. Si c'est non, fuyez.
Votre amie qui vous aime sans vous mentir, Madame de Merteuil.

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