mercredi 30 septembre 2009

Red Lovers


Je viens d'acheter ce tableau. Pensez-vous qu'il plairai dans mon salon ? Croyez-vous que ce Marc Chagall deviendra quelqu'un ? J'attends votre réponse avant de demander qu'on me l'accroche. Je vous prierai de dépêcher votre réponse, je reçois ce soir.

Tippi

mardi 29 septembre 2009

Roman Prat : la plus belle des boutiques. Courons-y !


Je fus heureuse et émue de vous croiser dans la boutique de mon frère. Elle ouvrit ses portes la semaine dernière et je dois dire que je ne m'attendis pas alors, à y trouver tant de beautés dans une seule pièce. Que de préciosités ! Que de raffinement ! Que de subtilités pour nous les femmes qui aimons la vie moderne ! Amies, venez et courons-y ensemble. Par ailleurs leur café est un délice. Je me délectai l'autre jour d'une friandise, qui accompagna avec bonheur ce fameux café, quand une de mes amies entra en boutique, l'endroit devint alors un boudoir où les dames capricieuses causions et achetions, en toute confiance et liberté, les plus belles parures, comme s'il on se trouva dans mon salon et chez mon tailleur dans le même moment. Cet endroit est splendide ! J'espère toutes vous rencontrer là-bas, cela ne vaut plus la peine de vous inviter chez moi, s'il existe un seul endroit, où l'on dit et où l'on vend les plus belles choses, alors nous gagnerons du temps mes amies.

Merci.


Je reçus ce présent de vous. J'accomplis mon devoir hier, en vous prouvant toute ma reconnaissance, je me donnai corps et âme, vous le constatâtes. Je ne savais quoi en faire, j'eus peur qu'il ne perdit son pouvoir artistique, alors je décidai tout à l'heure de sa place en le posant ici. Cet "Arc d'hystérie" de Madame Louise Bourgeois est tout à fait remarquable d'expressivité. Il ne m'a jamais été donné de voir, dans mes études de médecine, un patient hystérique, je viens, grâce à votre bonté, de corriger cette lacune. Jadis, le grand neurologue Charcot avait dessiné le corps de ses patients hystériques, tous les mots de nos ouvrages de référence en psychiatrie, même les plus savants, ne suffiront jamais à capter l'essence de cette maladie, d'aucune maladie, d'ailleurs. Regardons les dessins de Charcot, aimons cette sculpture, ne comprenons-nous pas l'hystérie ? Mais qu'est devenue la médecine, la résonance magnétique pourra-t-elle jamais voir la psychiatrie ? Vous savez combien j'aime me rappeler l'artiste qui apprécie la Science, que je veux idolâtrer et prendre en modèle.
Mille mercis pour ce bronze, je saurai l'admirer et le sublimer. Votre Marquise qui vous chérit.

lundi 28 septembre 2009

Buste de Kim Novak dans Vertigo d'Alfred Hitchcock.Elle porte ici le collier de l'ancêtre suicidée.


Je tiens à vous dire qu'après notre dernière conversation je connus des sueurs froides. Je suis comme cette femme qui regardait sans cesse ce même tableau, où une de ses ancêtres, une suicidée, l'obsédait. A tel point qu'elle s'identifia à son aïeule, elle se mit à vivre selon ses mêmes moeurs, elle prit la tâche très à cœur puisqu'elle se jeta dans un fleuve pour s'y noyer, mais un ami l'ayant sauvé de la noyade, elle préféra se jeter du haut d'un clocher, où personne ne vint la rattraper. J'appris plus tard que sa folie n'était qu'une conspiration afin de masquer le meurtre d'une pauvre femme. Elle n'était qu'une actrice qu'on paya pour se déguiser en la personne de la morte. Le corps qui fut jeté du clocher était un cadavre, la femme avait été assassinée auparavant, elle était la victime de la lâcheté d'un mari, et non une suicidée. L'actrice se cacha dans le clocher et ne s'enfuit que la nuit tombée, lorsque les religieuses quittèrent l'église. Un stratagème bien sordide, mais réel. Mais ce qui importe c'est le dénouement : elle fut rattrapée par l'amour et ce-dernier par la mort. Elle tomba amoureuse de l'honnête homme qui fut choisi par le mari, pour être témoin du faux suicide. Il souffrait d'une phobie du vide, vertu et faiblesse desquelles elle abusa pour mener à bien la cabale. En effet, le pauvre homme ne put monter jusqu'au clocher, il crut ne pas avoir sauver son amour du suicide, et se sentit coupable à en trouver la vie mélancolique et insipide. Plus tard il reconnut l'actrice, et comprit alors la machination diabolique, parfaitement orchestré grace à sa crédulité. Aussi, après des circonstances dont je ferai l'impasse, elle tomba par inadvertance du même clocher, qui avait été scène du crime. Quelle belle leçon de Vie ! N'êtes-vous pas d'accord ? Le monde n'est-il pas un tribunal pour l'Homme? L'ignominie ne triomphe jamais, quant bien même on se repente de toute son âme. Je regrette seulement que la justice divine ne permit pas à cette femme de vivre pour réparer l'erreur à travers l'amour, le châtiment ne laissa pas de temps pour la pénitence : le crime fut trop barbare pour pardonner. Mais Dieu ne peut-il pas tout absoudre ?
Au revoir, je suis blessée et toujours un peu plus meurtrie par votre amour, êtes-vous un acteur vous aussi ? Si c'est oui, alors cessez. Si c'est non, fuyez.
Votre amie qui vous aime sans vous mentir, Madame de Merteuil.

mercredi 23 septembre 2009

Tippi


Je fis la promesse de vous offrir une apparition de mon égérie, Tippi, de temps à autre. Voilà mon caprice : Tippi !

Adi Nes





Bonjour à vous. Je vous fait parvenir cette prompte lettre pour me faire pardonner, s'il en fut besoin, mais je sais que votre courroux est toujours éphémère et que vous n'êtes pas un de ses coeurs battant au rythme de ses rancunes. Laissez-moi vous parler d'un artiste que j'apprécie beaucoup. Il est israëlien et son oeuvre s'inspire d'icônes bibliques pour référer du présent. N'est-ce pas pertinent ? Nous connaissions bien ce procédé en peinture classique mais nullement en photographie. Admettons-lui une certaine originalité. Bien sûr se cache derrière cet Ancien Testament un "Nouvel Héritage" pour Israël, bien loin de ses fondations. Voilà un écho tout à fait remarquable et convaincant. Cette terre d'utopie, encore si mythique dans notre inconscient collectif, est désacralisée par l'artiste qui dévoile le paradoxe entre ce qui est, ce qui fut et ce qui devrait être : le seul qui semble trouver en Israël un véritable asile est bel et bien le Capitalisme, une fois de plus. Quand un homme, de par ce qu'il crée, rompt avec le mythique et côtoie ainsi avec la Vérité, avouez qu'il s'accomplit là en artiste.
Voyez ce Noé échoué près d'un distributeur de DVD, une fraternité moderne, qui est à la Bible ce que la guerre est à la paix. Adi Nes s'intéresse aux marginaux de son pays et au conflit, devenu la pierre angulaire de la terre sainte. Des soldats érotiques assis à la table de la Cène : je dis bravo ! Mais ce que j'aime par dessus tout, c'est la mise en scène. Là se cache, à mon humble avis, l'Art dans la Photographie. Un pouvoir fictif, cinématographqie et "peintural" à la fois, ou en fait non, justement, photographique est le seul mot qui convienne. Ne comparons rien, la photographie peut être Art à elle seule, et Adi Nes est un artiste, n'ayons plus de doutes.

Adi Nes


Last supper

David and Jonathan
Hagar

jeudi 17 septembre 2009

Que lisez-vous ?


Vous bûtes votre thé avec tant de virtuosité la fois dernière ! Je n'eus pas le temps de vous interroger sur vos autres lectures du moment. Vous savez combien cela m'intéresse. Mais par pitié restez-en à la littérature, les détails de style ne m'importent guère. En ce qui concerne ma table de chevet elle est ensevelie sous un tas de manuscrits, vous pourrez constater que les années passent et ne m'affectent guère : je suis restée la même, je lis toujours cinq gros bouquins dans le même temps. J'ai toujours aimé avoir le choix avant de m'allonger. Vous conviendrez que l'on peut avoir l'humeur changeante entre mardi et mercredi, et ne pas vouloir parcourir le même ouvrage que la veille. Ceux qui me passionnent le plus et me font coucher tard en cette fin d'été, sont Tolstoï et son Anna Karénine, et La faim du tigre de Barjavel. J'ai beaucoup apprécié L'amazone fugitive de D.H. Lawrence et les nouvelles d'Edna O'Brien ( Lanterne magique), et vous conseille grandement de lire La mort d'Ahasverus de Pär Langerkvist, il vous bouleversera, j'en suis certaine. Il me vient justement envie d'un peu de lecture, je vous laisse l'ami, et n'oubliez pas de tout me raconter sur votre chevet.

lundi 14 septembre 2009

Sixième et dernière tapisserie de La Dame à la Licorne : " A mon seul désir "


Je n'ai jamais aimé perdre mon temps avec ces vieilles tapisseries moyenâgeuses qu'ont tissé nos aïeux, je m'efforce toujours de fuir le mauvais goût. Mais voilà qu'un ami, Mr de ..., m'invite à Paris aux Thermes, à l'hôtel de Cluny. Ils cachent le Musée national du Moyen Âge. Nous nous promenions dans l'Histoire, quand nous entrâmes dans une pièce où la lumière faisait défaut, devant nous, six tapisseries rouges carmin miraculeuses : sur une île, une femme et une licorne, un lion, parfois une suivante et un singe. Allégorie des cinq sens, puis une tapisserie d'interprétation plus mystérieuse. Bien que je ne sois pas une de ces femme aimant à être sensible, je dois avouer que je sentis mon émotion devenir vulnérable devant ces broderies. Ne riez pas mais courez plutôt les voir ! Je vous mets au défi de ne point être troublé par cette dame à la licorne ! Il paraîtrait qu'il s'agisse de l'élévation des sens : les éduquer pour passer du monde physique au monde spirituel. L'âme déguisée en femme, veut rendre nos sens de primates plus subtils, toujours dans le but de nous distinguer des autres animaux. Vous savez comment je hais les hommes-singes et les femmes-chiennes. C'est peut-être en cela que ces tapisseries m'émurent : s'éloigner du désir de la matière pour toucher les lumières de l'esprit. L'âme triomphera sur la matière, et la femme sur l'homme ! Pardonnez mon sourire. Mais, d'ailleurs où vous cachez-vous Homme ? Êtes-vous le lion, le singe ou bien la licorne ? Ou bien peut-être la servante ? Ne me haïssez pas, vous savez que je suis venue au monde pour venger notre sexe, telle est ma mission, et je suis une femme qui aime la persévérance. Mais que dis-je, je suis revenue afin de pardonner. Du goût au bon goût, de la vue à l'introspection, de l'odorat à l'intuition, de l'ouïe a l'attention, de la vengeance au pardon. A mon seul désir ! J'enlève mes joyaux et les enferme dans le coffre de la servante : le renoncement ! La vérité se cache derrière les apparences, vous le savez si bien au plus profond de votre coeur, vous, amis qui lisez. Apprivoisez vos sensations et dévoilez les sentiments plus subtils ! Êtes-vous un singe ou bien un Homme ? Je vous pose la question. Je dois vous confesser que la Licorne m'effraya, peut-être je n'en compris pas tout de suite son sens. Licorne, vous symbolisez désir, puissance, faste, pureté : vous ne pouvez être touchée impunément que par une vierge, et n'êtes capturée que par la ruse d'une jeune fille dont le lait virginal vous endort. Mais votre corne est un phallus, n'est-ce pas ? Et c'est là tout votre paradoxe, toute la dualité de l'Esprit : nous voulons sauvegarder la virginité mais nous désirons la fécondité. Pouvons-nous enfanter sans être déflorées ? Est-ce cela notre désir spirituel ? Votre avis m'intéresse et je l'attends dans votre réponse, qui, je l'espère, arrivera très vite.

p.s. : Une de mes meilleures amies, qui est des plus avant-gardistes, me confessa son sentiment sur la Dame à la Licorne et m'inspira pour vous écrire cette lettre, je vous envoie son adresse, vous y trouverez des informations précieuses : http://www.thefprincess.blogspot.com/

Who's Afraid of Virginia Woolf ?

Il me prend à rire beaucoup aujourd'hui. Je m'apprêtais à vous écrire l'autre soir pour vous parler d'une femme que j'estime infiniment, et dont l'œuvre est de la plus grande importance à mon sens. Je ne vous laisse pas deviner, il s'agit de Virginia Woolf. Je me suis en dernier lieu résignée : non pas que l'envie me manquait, mais aborder un chapitre aussi prestigieux avec le brouillard nocturne qui trouble mon entendement, aurait été faire preuve d'hérésie, il me fallait la lucidité de ma raison pour vous parler d'elle sans être ridicule. On ne goûte pas du meilleur vin après avoir bu deux litres de la plus mauvaise bière. Aussi, ayant ajourné mon entreprise à plus tard, voilà que je découvre avec ma meilleure amie, le film dont je vais vous causer maintenant. Quatre personnages, deux femmes et leurs hommes, se dénudent, habit par habit, avec beaucoup de raffinement ou bien de grossièreté, mais toujours avec l'Art des plus grands tragédiens. Ils ôtent leurs fringues eux-mêmes ou bien dépouillent de leur robe leurs camarades, en les démasquant avec tant de violence que, vous me connaissez, je n'ai pu m'empêcher de me réjouir. Un huis-clos magnifiquement subtil, parce que vous croyez entrapercevoir la chair (enfin!) mais il n'en est rien : il ne s'agit que d'un col de chemise, et il reste tant de sous-vêtements ! Des poupées russes inépuisables où chacune vous surprend par sa beauté et sa petitesse, bien supérieures à celles qui ont précédé. Ils s'appellent Elizabeth Taylor, Richard Burton, George Segal et Sandy Dennis et nous ne pouvons que les admirer, pour nous éblouir avec tant de modernité et de virtuosité. Mon encrier sera bientôt vide, il me reste peu de mots pour vous convaincre : cinéma !

lundi 7 septembre 2009

Desperate Tippi


Il nous a été offert, par une soirée encore tiède de début septembre, de revoir Tippi. Bien entendu nous la connaissions très bien : elle a été une des inaccessibles et nébuleuses figures de notre enfance, où l'on avait encore le droit de devenir héroïne hitchcockienne en seulement fermant les yeux, ou bien en courant à travers champs sans aucun but sinon celui de porter un tailleur vert amande. Deux films nous avaient suffi ( par ailleurs pourquoi en réclamer davantage ?) à la hisser au premier rang de nos idoles. Marnie a influencé grand nombre de nos manières sophistiquées. Elle est désespérée et par conséquent belle ou bien le contraire, je ne sais plus. D'ailleurs elle n'est pas belle. Je ne suis pas belle non plus (pardonnez mon lamentable égocentrisme mais il est important de noter que Tippi a beaucoup influencé mon développement personnel). Le temps presse et je ne peux plus le gâcher à discuter de frivolités. Dépêchez-vous de (re-)parfumer vos décolletés et vos manières avec la fragrance "Tippi" : vous n'en serez que moins fades. L'insipidité nous guette tous et toutes. Au revoir mes amis, je me sauve, et je rêve encore une fois à Marnie cleptomane, qui de brune redevient blonde au dessus d'une baignoire.